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28/7/2025

Travailler depuis un lieu de rêve : mode d’emploi du “workation” réussi

Travailler depuis un lieu de rêve : mode d’emploi du “workation” réussi

Travailler depuis une plage à Biarritz, un chalet à Chamonix ou une villa à Séville, tout en restant pleinement opérationnel ? Non, ce n’est plus seulement un fantasme Pinterest, c’est un vrai sujet RH. Bienvenue dans l’ère du workation (contraction de “work” et “vacation”) un concept à mi-chemin entre télétravail et mini-exil volontaire, qui séduit de plus en plus de collaborateurs... et interroge sérieusement les entreprises.

Alors, effet de mode ou véritable levier de performance et de fidélisation ? Pour que le workation ne soit pas qu’une carte postale, encore faut-il en comprendre les enjeux, les bénéfices et les limites. Voici un tour d’horizon pour poser les bases d’un dispositif solide.

Le contexte : quand la flexibilité devient la norme

Le workation n’est pas né par hasard. Il s’inscrit dans une mutation plus profonde du monde du travail, où la notion de “lieu de travail” devient secondaire face à celle de “valeur produite”.

Depuis la crise sanitaire, 4 actifs sur 10 en Europe ont pris goût au télétravail régulier (source : Eurofound, 2023). Mais après l’euphorie des débuts, l’envie d’un télétravail de qualité, loin de l’appartement exigu ou de la routine du salon, s’est imposée.

Résultat : de plus en plus de salariés expriment un besoin de flexibilité géographique choisie, temporaire mais structurée. Selon une étude menée par SAP Concur (2023), 49 % des professionnels en France seraient intéressés par le concept de workation, s’il était formellement proposé par leur entreprise.

Les bénéfices pour les collaborateurs : motivation, productivité et équilibre

Travailler dans un lieu inspirant, loin du tumulte quotidien, peut transformer radicalement la qualité de vie au travail. Et les impacts vont bien au-delà du simple effet “waouh”.

Motivation reboostée

Changer de décor, c’est aussi changer de perspectives. Le workation permet de rompre la monotonie et d’aborder ses missions avec un regard neuf. Une étude de Harvard Business Review (2023) montre que 68 % des salariés en workation se sentent plus “engagés émotionnellement” dans leur travail.

Stress en baisse

Un environnement apaisant agit comme un facteur de régulation émotionnelle. Selon l’Observatoire de la QVT (Malakoff Humanis, 2023), le niveau de stress déclaré par les télétravailleurs diminue de 21 % lorsqu’ils évoluent dans un cadre naturel ou agréable.

Gain d’autonomie

Gérer son emploi du temps à distance, hors du cadre habituel, encourage une forme d’auto-discipline et de responsabilisation. Le collaborateur devient acteur de sa performance, ce qui renforce le sentiment de confiance mutuelle avec l’entreprise.

Côté entreprise : un vrai levier de rétention et d’attractivité

Non, le workation ne rime pas nécessairement avec baisse de contrôle ou perte de productivité. Bien encadré, il peut devenir un atout stratégique RH.

Trois bénéfices principaux à retenir :

  1. Fidélisation des talents
    Offrir la possibilité de travailler depuis un lieu de choix renforce l’engagement. Une étude menée par Flexa Careers (2024) révèle que 72 % des salariés ayant accès à ce type de flexibilité se disent moins enclins à quitter leur entreprise.
  2. Attractivité
    Dans la guerre des talents, les entreprises les plus flexibles attirent davantage, notamment les jeunes générations. D’après Randstad Workmonitor (2024), 59 % des travailleurs de moins de 35 ans classent la flexibilité géographique dans leurs trois premiers critères de choix d’un employeur.
  3. Montée en performance
    Des conditions de travail plus sereines, mieux adaptées à la concentration, se traduisent souvent par une hausse mesurable de la productivité. Une étude menée par l’université de Stanford (2022) indique une augmentation moyenne de 13 % des performances chez les télétravailleurs bénéficiant de souplesse sur le lieu de travail.

Définir un cadre : les règles d’or d’un workation réussi

Pour qu’il soit à la fois bénéfique pour le salarié et acceptable pour l’organisation, certaines conditions doivent être posées en amont.

Voici les fondations d’un cadre solide :

  • Durée définie : en général, de quelques jours à quatre semaines. Au-delà, les questions fiscales et juridiques deviennent plus complexes.
  • Validation obligatoire : accord du manager direct et des RH requis avant tout départ.
  • Objectifs de travail clairs : le collaborateur doit rester pleinement opérationnel.
  • Créneaux de disponibilité : précisés en amont pour maintenir la synchronisation avec l’équipe.
  • Réglementation respectée : attention aux pays hors UE — le droit local, les cotisations et la protection sociale peuvent varier.
  • Sécurité informatique garantie : VPN, double authentification, règles claires de cybersécurité.

Un avenant temporaire au contrat de travail, ou une charte spécifique “workation”, permet de formaliser le tout sans alourdir les process.

Témoignage : “Trois semaines à Minorque... et un budget finalisé plus tôt que prévu”

Sophie, responsable financière dans une PME tech basée à Lyon, témoigne :

“Je suis partie seule trois semaines à Minorque. C’était un test avec l’accord de mon manager. Je me suis organisée en décalé pour caler mes calls le matin. L’après-midi, j’étais plus productive que jamais. J’ai finalisé le budget de Q4 en avance. Le tout avec le chant des cigales en fond sonore !”

Ce type de retour se multiplie. Et il permet aux RH de mesurer l’impact réel du dispositif, au-delà des impressions.

Les pièges à éviter : attention aux effets boomerang

Le workation peut avoir des effets secondaires s’il est mal encadré ou mal vécu. Il ne convient pas à tous les profils, ni à toutes les organisations.

Quelques écueils fréquents à anticiper :

  • Isolement prolongé : à force de vivre “ailleurs”, certains salariés peuvent perdre le lien avec leur équipe.
  • Frictions internes : si le dispositif est réservé à une minorité, ou mal expliqué, il peut générer un sentiment d’injustice.
  • Flou pro/perso : travailler en maillot de bain peut paraître fun, mais sans cadre horaire clair, la charge mentale peut vite augmenter.
  • Cadres légaux inadaptés : un salarié qui travaille depuis un autre pays sans couverture adaptée peut exposer l’entreprise à des risques juridiques (sécurité sociale, fiscalité...).

D’où l’importance d’un dispositif piloté par les RH, basé sur la transparence, la clarté des règles et un minimum de suivi.

Exemples d’entreprises ayant adopté une politique workation

  • Deezer propose à ses collaborateurs jusqu’à 30 jours par an de télétravail “hors du domicile habituel”, y compris à l’étranger (zone Europe élargie).
  • OpenClassrooms a mis en place une politique de “remote by default”, où chacun peut travailler d’où il veut, tant que les horaires sont compatibles.
  • Airbnb autorise ses employés à travailler depuis plus de 170 pays pendant 90 jours par an, avec un accompagnement RH structuré.

Ces exemples montrent qu’il est possible d’allier souplesse et organisation, à condition d’assumer une vraie culture du résultat et une confiance mutuelle.

Conclusion : structurer pour mieux libérer

Le workation n’est pas un gadget RH, ni une dérive de startup. C’est une nouvelle modalité de travail, à la croisée du télétravail, de la QVT et de la mobilité choisie. Il permet de répondre aux attentes croissantes de flexibilité, tout en renforçant la motivation et l'engagement.

Pour qu’il fonctionne, l’entreprise doit l’encadrer, le tester, l’évaluer. Pour qu’il s’épanouisse, le salarié doit en être acteur, et non consommateur passif. Et pour qu’il dure, il doit s’inscrire dans une logique d’équilibre : performance, bien-être et clarté.

Le futur du travail ne sera peut-être pas 100 % nomade. Mais il sera, à coup sûr, plus libre géographiquement.

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