Vous avez déjà essayé de « couper » du travail… mais votre cerveau, lui, continue de tourner à plein régime ? Une notif Slack, un mail « urgent » un samedi matin, une réunion qui glisse au-delà de 19h. Résultat : vous culpabilisez de décrocher, mais vous fatiguez de rester connecté. Dans un monde où le travail suit partout (dans la poche, sur le canapé, en vacances) déconnecter est devenu un acte militant… et profondément sain. Pour les RH, les managers et les collaborateurs, la vraie question n’est plus “faut-il le faire ?”, mais comment y arriver sans craindre d’être jugé ou pénalisé.
Pourquoi le droit à la déconnexion est vital pour les RH
Déconnecter est un impératif de santé mentale et de performance durable.
En 2024, selon Empreinte Humaine, 44 % des salariés français étaient en détresse psychologique, et 17 % en état de burn-out sévère. Des chiffres inquiétants qui touchent toutes les fonctions, y compris les RH et les managers, trop souvent en première ligne.
Derrière cette souffrance, un ennemi silencieux : l’hyperconnexion. Le télétravail, bien qu’essentiel pour la flexibilité, a brouillé les repères. Selon l’INSEE, 1 salarié sur 4 travaille régulièrement à distance, et 35 % estiment travailler plus chez eux qu’au bureau (INSEE, 2024).
Conséquences ? Fatigue chronique, charge mentale, troubles du sommeil… et perte d’efficacité. L’INRS estime que le stress au travail coûte à l’économie française plus de 3 milliards d’euros par an, en raison de l’absentéisme, du turnover et de la baisse de productivité.
Mais au-delà du coût humain et financier, c’est la culture du présentéisme numérique qui épuise. Répondre tard devient la norme. Travailler le week-end, une habitude. Déconnecter ? Une transgression.
Et pourtant, les bénéfices de la déconnexion sont prouvés : un salarié reposé est plus concentré, plus créatif, plus performant. Une étude menée par Microsoft a montré que le cerveau enchaînant les réunions virtuelles sans pause sature rapidement, tandis que de simples ruptures — comme 10 minutes de marche — améliorent la mémoire de travail de 20 %.
Les freins invisibles au droit à la déconnexion dans les entreprises
Pourquoi est-ce si difficile de déconnecter, même lorsqu'on le veut ? Tout simplement parce que nous ne luttons pas contre une tâche… mais contre un système entier. Le numérique a aboli les frontières entre temps pro et perso. Slack, Teams, WhatsApp, mails : tout nous incite à être réactifs à toute heure.
Cette sursollicitation crée une forme de stress insidieux : le “techno-stress”, largement documenté dans les études en psychosociologie du travail. Il s’agit d’un stress généré non par la charge elle-même, mais par l’impossibilité de s’extraire des flux numériques. On parle aussi de « présentéisme digital » : ce réflexe de rester connecté même sans demande explicite, “au cas où”.
Pire encore, la culpabilité joue un rôle clé. On se dit : “Si je ne réponds pas, je vais être mal vu.” “Je suis RH, je dois montrer l’exemple.” “Mon équipe compte sur moi.” Résultat : on finit par intérioriser l’idée que la disponibilité permanente est une preuve de professionnalisme.
Mais cette croyance est dangereuse. Non seulement elle favorise l’épuisement, mais elle nuit à la qualité du travail. Un rapport Harvard Business Review montre que les salariés régulièrement interrompus mettent 50 % plus de temps à terminer leurs tâches, avec une qualité moindre.
La solution ? Sortir du mythe de la disponibilité continue. Accepter que le repos fait partie du cycle de performance. Et redonner de la valeur au silence, à l’absence, à l’espace vide dans les agendas.
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Comment instaurer une vraie culture de la déconnexion en entreprise
D’accord, déconnecter est vital. Mais comment y arriver dans la vraie vie, quand les urgences s’enchaînent et que les to-do ne désemplissent pas ? Voici quelques leviers concrets pour instaurer une déconnexion réaliste et assumée.
D’abord, il faut oser repenser les rythmes de travail. La journée classique 9h–18h avec des réunions à chaque créneau n’est plus soutenable. Il est essentiel d’intégrer des temps blancs dans l’agenda : des moments sans tâche, sans appel, sans écran. Pas pour “ne rien faire”, mais pour se régénérer.
Ensuite, il faut déculpabiliser la pause. Elle n’est pas un écart, mais une pratique stratégique. Une étude de l’université de Stanford démontre que la concentration humaine commence à décroître fortement après 52 minutes de travail ininterrompu. Alterner sessions de concentration et mini-pauses augmente la productivité de 30 % en moyenne.
Enfin, il faut inscrire la déconnexion dans une logique d’équipe. Ce n’est pas une affaire individuelle. Si un collaborateur coupe à 18h mais que son manager envoie des messages à 21h, le message est clair : la déconnexion n’est pas respectée. Il faut donc créer des règles collectives (comme “pas de mails entre 19h et 8h”, ou “pas de réunions après 17h”), et s’y tenir.
Et surtout, il faut valoriser ces comportements. Féliciter un collaborateur qui s’écoute. Encourager les temps de pause. Célébrer ceux qui partent à l’heure, plutôt que ceux qui “font des heures”.
Conclusion
Déconnecter n’est pas une mode. C’est une nécessité stratégique, humaine et économique. Pour les professionnels RH, c’est une opportunité majeure d’agir sur la santé mentale, l’engagement et la rétention. Pour les collaborateurs, c’est la clé d’un équilibre durable.
Mais cela ne se décrète pas. Cela s’organise, se soutient, se pilote. Et cela commence par une prise de conscience collective : non, être toujours joignable ne fait pas de vous un meilleur professionnel. Cela fait de vous un professionnel en risque.
Il est temps de sortir de la logique du “toujours plus”. D’oser dire stop. Et de faire de la déconnexion un acte fort, assumé… et valorisé.
Et vous, à quand votre prochain vrai temps off ?

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